Les Suns à la vitesse de la lumière Jack McCallum – 2017

Catégorie : , Tags : , , , , , ,

Au milieu des années 2000, la NBA navigue en plein brouillard, minée par un spectacle en berne. Alors qu’elle peine à se renouveler, une équipe révolutionnaire va bouleverser les codes pour redonner de l’éclat à un basket qui en avait tristement besoin. Apôtres d’une attaque rapide, instinctive et collective, les Phoenix Suns brillent de mille feux et redonnent à la NBA sa lueur d’antan, ainsi qu’un amour du jeu qu’elle semblait avoir perdu. Équipe romantique par excellence, ils prônent un basket total, portés une ribambelle de personnages flamboyants que Jack McCallum met en scène de sa plume théâtrale.

L'avis de Philippe Gargov

Rares sont les ouvrages qui s’invitent, et invitent les lecteurs par la même occasion, à temps plein dans les coulisses d’un club de sport pro. C’est pourtant le pitch de ce volumineux ouvrage – 500 pages qui se dévorent en une bouchée -, dont le premier mérite est de mettre en lumière le quotidien des Phoenix Suns, et de son staff en particulier, sans que jamais la censure ou la pression médiatique ne vienne s’immiscer dans le récit. C’est une immense qualité, qui dénote avec la majorité des ouvrages sportifs disponibles sur le marché, souvent engoncés dans un propos très policé… Mais s’il n’y avait que ça !

Car le second mérite du livre, et probablement le plus cher à nos yeux, est de nous faire pénétrer dans les cerveaux eux-mêmes de ce qui fut l’un des clubs les plus révolutionnaires de son époque. Un club qui, sans prétention, s’est affranchi des règles et coutumes du sport professionnel pour mettre en pratique une certaine idée du « beau jeu », avec ses heurs et ses malheurs : l’issue de la saison 2005-06 est d’ailleurs connue dès les premières lignes du livre. Même pour le néophyte du basket (c’est le cas de l’auteur de cette critique), l’ouvrage est d’une fluidité sans artifices, à l’image du jeu des Suns développé par Mike D’Antoni, avec Steve Nash et ses compères à la baguette.

Enfin, l’ouvrage possède une troisième vertu intrinsèque, qui s’adressera davantage à l’amateur de basketball cette fois : comme l’expliquait sur Trashtalk Lucas Saïdi, traducteur de l’ouvrage :

« Cette équipe des Suns, c’est un point de départ dans la progression de D’Antoni et de son attaque. Les Rockets [de la saison 2017-18, ndlr] sont une version plus aboutie de ce qu’il a tenté à l’époque, la philosophie est la même mais les joueurs sont plus adaptés au système et à la NBA actuelle. En fait, on peut voir dans ce livre une explication de pourquoi ça marche à Houston aujourd’hui. On comprend les problématiques de la NBA de l’époque, et ce que les Rockets représentent de nos jours. »

Cette lecture, que l’on pourrait qualifier de « rétro-prospective », est sans nul doute une des grandes forces du récit, dont on perçoit rapidement qu’il ne s’agit pas d’une saison lambda narrée par hasard. Il se dégage donc de l’ouvrage une véritable puissance, confortée par une plume très plaisante (et parfaitement traduite, même si l’oralité américaine rend forcément moins bien en français), sertie d’humour et d’anecdotes croustillantes. Chacun y piochera ce qu’il souhaite : les amateurs de coaching y trouveront par exemple quelques astuces pour motiver les joueurs, tandis que les basketophiles se délecteront des petites piques envoyées à l’encontre des grandes figures de la NBA. Un livre aux multiples niveaux de lecture, donc, et dont on rêverait de voir le pendant footballistique…