Sayonara Football – tome 1 Naoshi Arakawa – 2016
Catégorie : Bandes dessinées Tags : Homare Sawa, Ki-oon, Kodansha, Naoshi Arakawa, Thibaud Desbief
Présentation de l’éditeur : Nozomi a le foot dans la peau depuis qu’elle est toute petite. Elle dribble, passe et marque avec une agilité sans pareil ! A 14 ans, elle ne rêve que d’une chose : faire partie de la sélection officielle de son collège. Le seul problème, c’est qu’elle fait partie d’une équipe… masculine ! Malgré ses exploits en entraînement, son coach ne veut rien entendre. Pour lui, la différence de force physique est une barrière insurmontable en match réel. Nozomi est bien décidée à lui prouver le contraire.
Elle est d’autant plus motivée que l’équipe adverse a pour capitaine Yasuaki, le garçon à qui elle a tout appris étant enfant. Mais aujourd’hui, il se permet non seulement de la dépasser d’une bonne tête, mais aussi de prétendre la surpasser sur le terrain ! Maître contre disciple, technique contre physique… Que la bataille commence !
L'avis de Philippe Gargov
Si les mangas de football sont légion, plus rares sont ceux qui prennent le point de vue d’une femme ! C’est pourtant le parti pris, osé, de Naoshi Arakawa avec « Sayonara Football », petite oeuvre en deux tomes à la lecture plutôt plaisante. S’il ne s’agit évidemment pas du chef-d’oeuvre du siècle, l’intrigue n’en reste pas moins efficace : Nozomi est une joueuse absolument talentueuse, elle veut s’imposer dans son équipe de garçons, quitte à aller contre les récriminations de son entraîneur et de ses coéquipiers. Le manga reprend ainsi les codes habituels des shonen (mangas pour garçon), axant l’histoire autour du courage et de la persévérance de son héroïne – qui n’hésite d’ailleurs pas à user de quelques coups bas pour parvenir à ses fins…
L’auteur étant un homme, l’histoire n’est toutefois pas dénuée de clichée sexistes – bien qu’il soit difficile de savoir si l’auteur est lui-même sexiste, ou s’il s’agit d’une exagération volontaire, classique dans les shonen, afin de renforcer l’empathie du lecteur à l’égard de Nozomi. De fait, un grand nombre de dialogues sont centrées sur le différentiel physique entre garçons et filles, et la fragilité supposée de l’héroïne à l’égard des tacles adverses. Plus généralement, on pourra reprocher au manga de proposer une lecture très binaire du football, opposant le romantisme du « football total » prôné par l’équipe de Nozomi, aux tacles « virils » de son arch-nemesis Yasuaki. Au passage, l’intrigue amoureuse entre les deux protagonistes agacera peut-être certains lecteurs…
Malgré ces défauts, pas franchement rédhibitoires, les deux tomes de « Sayonara Football » s’avèrent d’une grande fraîcheur pour qui aime les mangas de football. Plus encore, ils forment un cadeau idéal pour une jeune amatrice de ballon rond, mais qui aurait besoin de se retrouver dans une héroïne propice à lui donner une motivation pour se lancer sur les terrains. C’est peut-être là la grande force du récit, qui s’inscrit dans un contexte d’émancipation croissante du football féminin à travers le monde. L’auteur s’est ainsi inspiré de Homare Sawa, capitaine légendaire de l’équipe nationale aux 205 sélections, dont les accélérations fulgurantes sont fidèlement retranscrites dans les crochets de Nozomi. Il est d’ailleurs à noter que l’ouvrage original a été publié en 2009-2010, soit quelques mois avant que le Japon ne gagne la Coupe du Monde 2011 ! Peut-être Nozomi aura-t-elle porté chance à ses compatriotes du monde réel, dont le courage et l’abnégation auront permis de se hisser aux cimes du football féminin…